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Comment faire face à l’épuisement professionnel ?

Près de la moitié des agriculteurs présentent un stress élevé et 34 % un risque d'épuisement professionnel.

Depuis la démission de mon salarié, je n’arrive plus à faire face dans mon travail. Je suis épuisé professionnellement et je ne sais comment agir. Réponses de Benjamin Rolland, membre du réseau AgriCoaching.

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L’agriculture expose particulièrement au stress (déficit de main-d’œuvre qualifiée, pointes de travail, aléas météorologiques, crises sanitaires, incertitude économique…), souligne Benjamin Rolland, membre du réseau AgriCoaching (1). Conséquence : 46 % des agriculteurs présentent un stress élevé et 34 % un risque d’épuisement professionnel. Alors quand un salarié part, cela devient ingérable.

En plus des risques du métier, il y a ceux liés aux situations personnelles (décès, maladie, divorce, tensions relationnelles entre associés) et la personnalité entre également en jeu. C’est plus compliqué pour ceux qui n’arrivent pas à déléguer, à dire non ou pour les perfectionnistes. Au départ, le stress est positif : c’est une réaction de l’organisme pour s’adapter à une situation critique. Mais quand il s’installe (sous l’effet de processus hormonaux), il finit par épuiser l’organisme (perte d’énergie, de motivation). Le problème, c’est que la personne ne s’en aperçoit pas vraiment car elle a une perception déformée de la réalité (relativisation, déni).

Pour éviter cela, j’invite les personnes que j’accompagne à évaluer régulièrement leur niveau de fatigue et de stress. Il s’agit d’être attentif à trois types de signaux : physiques (troubles du sommeil, douleurs, perte d’énergie), mentaux (difficulté à s’organiser et à se concentrer) et émotionnels (perte de motivation, irritation).

Avant qu’il ne soit trop tard, il s’agit de sortir du mode réactif (pompier) pour reprendre le contrôle. Pour cela, il est très utile de lister les tâches à faire, les prioriser, les programmer, les suivre et les ajuster. Piloter est essentiel. Même quand on a beaucoup de travail, il ne faut pas lâcher le volant. Un éleveur m’a ainsi dit l’autre jour « maintenant, ce n’est plus le travail qui vient à moi, mais moi qui vais à lui ». Une personne que j’accompagne a pris la résolution de suivre une formation par an en lien avec une source de stress qu’elle a identifiée : cette année, c’est l’organisation du bureau physique et numérique.

Et puis, ne surestimez pas vos ressources ! Vous n’êtes ni un superman, ni une superwomen. Sachez dire non et vous protéger des sollicitations. Déléguez ce qui peut l’être, par exemple vos dossiers administratifs auprès d’une assistante RH. Cherchez comment recharger vos batteries : faire du vélo, marcher, voir des amis, etc. Avant chaque pic de travail, pensez à vous reposer, à « couper ».

Enfin et surtout, si vous êtes mal, informez vos proches de vos difficultés. Ne cherchez pas à vous en sortir seul : acceptez d’être aidé (médecin, travailleur social, psychologue). Et n’hésitez pas à solliciter le dispositif de répit de la MSA.

(1) www.objectifterresdavenir.fr, entretien de 45 minutes (gratuit sans engagement).

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